Comment devons-nous la vivre?
Parfois, nous entendons dire «Je suis croyant,mais je ne pratique pas». Une telle parole révèle-t-elle un christianisme sincère et réel? Peut-on être croyant sans pratiquer sa foi? Sans changer nos valeurs et nos pratiques? Sans aucune appartenance à une communauté chrétienne? Suffit-il d’être né dans une famille chrétienne, de croire que Dieu existe, de recevoir les «sacrements», de ne faire de «mal à personne», de mener une bonne vie, d’aller à l’église depuis sa jeunesse, d’accomplir ses devoirs religieux avec soin ou encore «d’accepter Jésus dans sa vie» pour être chrétien? Selon nous, trois qualificatifs sont importants pour vivre un christianisme biblique. Notre foi se doit d’être authentique, équilibrée et intelligente.
Une foi authentique
Une vie chrétienne authentique comprend, au moins, trois éléments indispensables et indissociables.
- Le premier élément d’une foi authentique est l’établissement, le maintien et le développement d’une relation personnelle avec Dieu: «La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu et celui que tu as envoyé Jésus-Christ» (Jean 17. 3). Le mot «connaître», ici, désigne une connaissance personnelle, intime et expérimentale de Dieu. Le Dieu des Écritures est un Dieu relationnel. Grâce à Jésus-Christ, nous avons la liberté de nous approcher de Dieu en toute confiance et d’entretenir avec lui une relation vivante avec notre Créateur. L’Évangile nous invite à faire l’expérience personnelle et communautaire de la grâce de Dieu et à entrer en relation avec Dieu, via le Christ vivant et ressuscité.
- Le deuxième élément d’un christianisme authentique est d’avoir des croyances en accord avec les Écritures. Plusieurs personnes disent avoir la foi, mais il faudrait peut-être leur demander: «la foi en quoi au juste?» La foi chrétienne peut se définir de différentes manières, il n’y a pas de formulations parfaites et exclusives pour la décrire. Mais nous ne pouvons quand même pas la définir n’importe comment ou comme bon nous semble. Il y a des balises à respecter. La Bible nous invite à faire preuve de discernement et à évaluer tout discours religieux à la lumière des Écritures (1 Timothée 4. 3-4;1 Jean 4.1). L’une des tendances d’aujourd’hui est de forger ses propres croyances. On veut un Dieu et une foi à notre convenance. Mais dans le christianisme, il n’y a pas de religion «à la carte». Nous accueillons plutôt une révélation de Dieu, en Jésus-Christ.
- Le troisième élément d’un christianisme authentique est l’adoption d’un style de vie en accord avec les Écritures. Celui qui reçoit la grâce de Dieu dans sa vie reçoit aussi la Parole de Dieu comme seule manière de vivre(Matthieu 7. 21; Luc 8. 21). Une vie chrétienne authentique unit toujours la profession verbale et la profession morale. Si nous croyons en Dieu et que nous entretenons une relation personnelle avec lui, il en découle des conséquences pratiques, éthiques et sociales pour notre vie. Le christianisme englobe tous les domaines de notre vie, et ce, au quotidien, dans le domaine moral et dans nos rapports sociaux. Ce n’est pas à Dieu de changer, mais à nous! Ainsi donc, l’expérience de la foi, le contenu de la foi et la pratique de la foi constituent à nos yeux des éléments importants pour vivre un christianisme biblique.
Une foi équilibrée
À la lumière de ce que nous venons de dire, il y a trois déséquilibres à éviter dans notre vie de foi et d’Église si nous voulons éviter certains dérapages qui pourraient s’avérer regrettables.
- Le premier déséquilibre, c’est de tomber dans un christianisme purement expérimental où l’on accentue notre expérience de Dieu au détriment des croyances et de l’éthique. Ce genre de christianisme fait beaucoup appel aux émotions et aux sentiments. Il est vrai que le christianisme est une aventure avec Dieu dans la vie de tous les jours, mais il faut veiller à ne pas se faire piéger par les excès du piétisme. Combien de fois n’avons-nous pas vu des croyants qui, au nom d’une relation privilégiée avec Dieu et d’expériences spirituelles de toutes sortes, n’ont pas voulu écouter la sagesse collective de l’Église, et plonger tête baissée dans des directions très discutables.
- Le deuxième déséquilibre, c’est de tomber dans un christianisme purement cérébral qui n’est concerné que par le fait d’avoir la bonne doctrine ou les bonnes croyances. Dans ce genre de christianisme, la foi ne devient qu’une chose intellectuelle qui fait appel à la raison, à l’investigation, à la recherche. C’est un christianisme de connaissances où l’on est plus concerné par les doctrines et les nouveautés de la recherche biblique que par Dieu lui-même. Cette prééminence de l’aspect intellectuel du christianisme provoque des regards hautains, du snobisme intellectuel et des conflits au sein des Églises. Ceux qui tombent dans ce piège ont tendance à considérer leur foi comme étant plus «évoluée» que celle des autres. Pourtant, Paul n’a-t-il pas dit: «La connaissance enfle, mais l’amour édifie» (1 Corinthiens 8. 1).
- Le troisième déséquilibre, c’est de tomber dans un christianisme purement moral ou social, qui n’est concerné que par la bonne conduite et par le fait d’être une bonne personne. Dans ce genre de christianisme, on parle de justice et de paix sociale, d’entraide communautaire, de valeurs chrétiennes, mais tout cela se fait au détriment d’une expérience personnelle de Dieu et d’un enseignement biblique juste. On néglige, pour ainsi dire, le premier commandement de Jésus (tu aimeras le Seigneur tonDieu) au profit du deuxième commandement (tu aimeras ton prochain). L’aspect horizontal du christianisme supplante son aspect vertical. On prône une société plus humaine, mais on se tait sur le mystère de la Rédemption qui est en Jésus-Christ. Une foi équilibrée saura maintenir en tension l’aspect émotionnel, intellectuel, moral et social du christianisme.
Une foi intelligente
La présence de la foi ne doit pas suspendre le sens critique et l’usage de la raison afin de ne pas tomber dans une foi aveugle.
- Le sens critique est essentiel dans le domaine de l’expérience pour bien interpréter ce que l’on vit, autrement, nous arriverons à des conclusions erronées sur la personne de Dieu et sur la vie chrétienne. La foi ne doit pas être basée sur certaines expériences vécues ou observées. Celles-ci ne doivent pas devenir le moyen par lequel une théologie est élaborée. Bien qu’il soit très important d’être sensible aux expériences, il n’en demeure pas moins qu’elles ne peuvent régir à elles seules ce que nous croyons.
- Dans le domaine des croyances, la foi chrétienne ne doit pas être crédule, mais crédible. Elle ne doit pas être un affront à l’intégrité intellectuelle. Nous avons de bonnes raisons de croire en l’Évangile, en l’existence de Dieu, en la résurrection de Jésus-Christ, en une vie après la mort, etc. La raison n’explique pas tout, certes, autrement, il serait inutile d’avoir la foi, mais la foi s’appuie sur des éléments suffisants qui la justifient et la rendent possible. Il est donc important de dire ce que nous croyons et pourquoi nous le croyons.
- Il en est de même dans le domaine de l’éthique. Si nous vivons selon les principes et les commandements des Écritures, ce n’est pas seulement parce que la Bible nous le demande, c’est aussi parce que nous discernons la sagesse des Écritures et le bien-fondé des principes et des commandements bibliques autant pour notre vie personnelle que sociale. Nous ne devons pas nous borner à répéter les commandements bibliques, mais également à dire et à décrire les avantages qui en découlent pour nos vies. Les commandements et les principes bibliques, loin de nous asservir, nous épargnent plutôt certaines souffrances et favorisent notre bonheur personnel et social (Ésaïe 48. 17-18). Que le Seigneur nous donne la sagesse de vivre notre foi d’une manière authentique, équilibrée et intelligente dans le monde d’aujourd’hui.
« Or, sans la foi, il est impossible de lui plaire; celui qui s’approche de Dieu doit croire qu’il existe et qu’il récompense ceux qui le cherchent» (Hébreux 11.6)
© 2011
Rédaction: Stéphane Rhéaume, pasteur provincial